La place de l'ostéopathie dans la santé publique en France

Le concept de la santé publique

Le concept de santé met en avant, depuis la seconde moitié du 20e siècle, la notion d’équilibre dynamique de la santé. Celui-ci s’inscrit en opposition à l’état stable que le patient souhaite obtenir. La santé publique s’attache donc à étendre ce concept d’équilibre dynamique de la santé en étudiant les déterminants de la santé et de la maladie dans leurs contextes socio-éco-démographiques.

C’est à partir de ces considérations que les décisions de santé publique sont prises par l’État, car celui-ci mobilise le service public de la santé, caractérisé par un ensemble de structures, de technologies et de professionnels. La coordination de ces acteurs aboutit à des modifications mesurables de l’état de santé de la population. Cela est dû, entre autres, aux actions de promotion, d’éducation, de prévention et d’information au regard de la santé.

Le rôle des ostéopathes

Les ostéopathes, sont en mesure de constituer un relai de cette démarche de santé publique, notamment par leur implantation territoriale et leur contact de première intention avec les usagers du système de santé. Ces considérations populationnelles de la santé rentrent dans le champ de compétences de toutes les pratiques de soin parmi lesquelles s’inscrit l’ostéopathie.

Néanmoins, l’approche thérapeutique des ostéopathes est directement orientée vers le patient. Sa prise en charge se fait dans la spécificité de la relation patient/thérapeute. De plus, le traitement ostéopathique est revendiqué comme hautement individualisé.

La place des ostéopathes

À ce titre, l’évaluation de son action d’un point de vue populationnelle revêt certaines limites méthodologiques que les progrès en matière de recherche quantitative et qualitative tendent à effacer. Le service public de la santé est au contraire, caractérisé par une approche fondée sur les preuves et les données probantes de la science, et donc assurant la juste utilisation des ressources de l’État, optimisant ainsi l’état de santé de la population.

L’implication de l’ostéopathie aux décisions de santé publique en France est donc restreinte à ce rôle de conseil et d’information, nonobstant les innovations méthodologiques pour tenter de l’évaluer. Il faut rappeler que sur d’autres éléments propres à la santé publique comme la surveillance de la qualité/sécurité des soins ou l’égalité devant l’accès à la prise en charge, l’ostéopathie porte en elle de réelle limite à son universalisation dans l’exercice de la santé publique. C’est finalement ce caractère strictement singulier de la pratique ostéopathique qui lui fait rencontrer le succès croissant qu’on lui connait en France, et que les ostéopathes peuvent continuer de défendre sans contrevenir à ce nouveau rôle de médiateur de la santé.

Auteur :
Thibault Grall, ostéopathe D.O.,
enseignant à ISOstéo Lyon en méthodologie de la recherche, santé publique et épidémiologie